LA MORTALITÉ MATERNELLE, TOUJOURS UN FLÉAU !
La mortalité maternelle est un problème complexe sur lequel personne n’a encore trouvé la panacée.
Le regard se tourne une fois de plus vers le continent africain, symbole malgré lui de toutes les misères et indigences. Dans de nombreux villages encore en Afrique, la période de grossesse se termine plus souvent en funérailles plutôt qu’en célébration d’une naissance. La coutume a souvent été de dire que la femme est la mère de l’humanité. Si donc cette femme est en danger, c’est tout le reste de l’humanité qui voit son existence mise en péril.
La grossesse n’est pas une maladie
Âgée d’une cinquantaine d’années et originaire du Tchad, le Docteur Grâce se bat tous les jours pour que puissent naitre des bébés en dépit des faibles moyens mis à disposition dans sa maternité. Dans les villages de ce pays d’Afrique centrale, peu de femmes viennent à l’Hôpital pour accoucher. Une situation critique qu’a déploré le Docteur Grâce. La plupart de ces patientes vivant dans des régions reculées des villes sont dans une sorte d’aliénation culturelle qui les empêche d’accorder leur confiance à la médecine moderne. Il y a des femmes qui préfèrent donner naissance en dehors des maternités parce que la tradition les empêche de parler de leur grossesse à des hommes inconnus. D’où les entraves culture ou tradition qui ont parfois une part importante dans les causes de décès pré ou post accouchement.
Chaque année plus d’un demi million de femmes ne survivent pas à la grossesse dans les pays pauvres. Une donnée qui ne manque pas d’interpeller les organismes internationaux. Kevin Watkins, du Rapport des Nations Unies pour le Développement a ainsi déclaré de manière solennelle: « Réduire la mortalité maternelle en Afrique est l’un de nos principaux objectifs. »
Éducation et volonté politique
Un travail doit être effectué afin que les villageoises ne considèrent plus la médecine moderne avec méfiance. Maimouna Kadjar vit en campagne et donne son témoignage: « Quand le bébé ne sort pas, c’est avec nos mains nues que nous les aidons à sortir. Il n’y a pas d’autres moyens. La méthode traditionnelle est insuffisante pour sauver des vies ». Un aveu qui devrait inciter les femmes à se rendre vers les hôpitaux mais aussi les politiques à mettre un peu d’encadrement dans les organisations régaliennes de ces communautés. Adapter la science aux réalités médicales et traditionnelles.
Peu de considération pour la gent féminine
L’autre axe de bataille consiste à combattre la marginalisation que subissent ces femmes : « Les femmes sont très mal considérées. Les hommes négligent souvent de les amener à l’hôpital quand l’urgence se présente. La femme n’est pas un objet qu’on achète, qui fait des enfants et lorsqu’elle meurt on achète un nouvel objet… ».
La mortalité maternelle est un problème complexe sur lequel personne n’a encore trouvé la panacée. En attendant, des jeunes vies innocentes continuent encore de se perdre. « On aurait pu les éviter. Je ne sais combien de temps je vais encore pouvoir tenir. Je vais devoir arrêter pour mes nerfs… », laisse échapper le Docteur Grâce dans un élan de tristesse et désolation. C’est le combat d’une femme. C’est la lutte des femmes. L’humanité ne doit pas répondre aux abonnés absents pour une cause aussi importante.
Ralf Touomi